Dans la nasse de l’hégémonie libérale

Présentation

Le livre nous permet d’explorer ensemble la nasse dans laquelle l’être libre et conditionné que nous sommes se débat, de sillonner l’hégémonie où la liberté et les droits de l’individu sont l’essence de toutes choses.

Cela nous conduit à examiner cette dynamique d’extension insatiable de l’Avoir qu’est le capitalisme, cette Symphonie démente de la marchandisation mondialisée, où tout n’est que matières – premières ou humaines –, où l’éthique protestante, le temps et le nombre sont à son service, où l’individu libre court comme la souris dans sa roue, piégé dans la schizophrénie du travailleur et du consommateur, illusionné par le progrès et la pathétique grandeur de l’ego-roi et des droits-de-moi.

Nous nous intéressons pour finir à la forme de socialisation dominante où, en recherche de pare-être comme de la meilleure manière de sauver la planète, l’individu contemporain est guetté par un effondrement extérieur tout aussi bien qu’intérieur, où, ressentant le piège de l’uniformisation se refermer sur lui, il ose réclamer du droit à l’identité, tout en quêtant le commerce de l’autre dans la virtualité des réseaux sociaux. Faute de percevoir que de droit il n’est point besoin, que ce sont de ces chaînes qu’il faut se libérer.

Jetons en somme un coup d’œil à l’Empire libéral dans lequel nous demeurons et dont nous nous croyons affranchis.

Au monde du capitalisme, du libéralisme et de la civilisation du déchet, prospère un individu libre, solitaire, réifié, déraciné, enivré de valeur travail, grisé de progrès, piégé dans la schizophrénie du travailleur et du consommateur, et normé sous le règne sans partage de l’ego-roi. Entre mythe de la liberté, soif insatiable de l’Avoir et suprématie de la marchandisation, il se veut moderne.

Le risque d’effondrement de l’humanité, dans ses dimensions écologique, économique voire existentielle appelle une rupture systémique et, pour cela, de nouveaux récits, une nouvelle utopie, une nouvelle façon d’exister et de vivre les relations à l’autre. Encore faudrait-il appréhender la nasse dans laquelle l’Empire libéral nous enferme, comprendre les fables sur lesquelles nos sociétés reposent, pour ne pas sombrer à nouveau dans leurs travers.

Quatrième de couverture

Gare Saint-Lazare, Paris, capitale régionale de l’Empire. Il existait là, jadis, une salle des pas perdus. Dans ce haut lieu du transport en commun, il était possible d’y perdre ses pas, c’était admis : quand bien même le temps, depuis longtemps devenu de l’argent, était compté, la bourgeoisie d’alors ne s’en indignait pas. Triste signe de notre inexorable « évolution », cette salle a été transformée en galerie marchande. Elle, et tout le volume servant d’accès principal qu’elle coiffait autrefois, ont été convertis en piège à ponctionner les revenus du quidam. C’est par une collection de boutiques normalisées, alignées comme autant de devantures de chaînes standardisées, que doit maintenant transiter la majorité des voyageurs. Il n’y a plus de pas à perdre, gare Saint-Lazare. Que de l’argent !

Comment en est-on arrivé là ? Comment la société humaine a-t-elle pu devenir à ce point l’« appendice du système économique » à laquelle elle est réduite ? Sur quoi repose cette catastrophe humanitaire qui nous est vantée comme un progrès ? Sur le fait que cette gare Saint-Lazare ainsi « rénovée » n’est que le reflet d’un rapport au monde, d’un imaginaire, d’une utopie, celles de nos sociétés dites « modernes ».